Soixante ans de l'ICOMOS : réflexions de Toshiyuki Kono et Gustavo Araoz

ICOMOS soixante ans réflexions

Après 60 ans d’activité, l’ICOMOS a prouvé que nombreuses sont ses qualités dignes d’être saluées. En tant qu’anciens présidents, nous souhaitons attirer une attention particulière sur trois aspects principaux qui rendent l’ICOMOS exceptionnel et qui sont le fruit d’efforts considérables déployés au fil des décennies.

UNIVERSALITÉ

Vers une perspective mondiale

Le premier aspect est l’universalité de l’ICOMOS, qui a rendu son autorité applicable et pertinente dans tous les contextes culturels. Cela n’a pas toujours été le cas : tout comme Rome ne s’est pas construite en un jour, l’ICOMOS est né d’un siècle et demi d’efforts complexes et souvent contradictoires visant à trouver les meilleurs moyens de préserver le patrimoine culturel européen et des sociétés issues de l’Europe. Cette approche eurocentrée était tout à fait justifiée par l’absence de traditions non européennes en matière de gestion du patrimoine dans les discussions internationales. Cependant, avec l’acceptation mondiale de la Convention du patrimoine mondial dans les années 1980 et 1990, une nécessité de reconfigurer les concepts du patrimoine pour les adapter aux traditions des cultures non européennes a émergé. Les membres de l’ICOMOS se sont fortement impliqués dans les initiatives fondées sur les principes du Document de Nara et de la Charte de Burra. L’ICOMOS, également sur le plan institutionnel, a réagi de manière proactive pour passer d’un fort eurocentrisme à plus d’universalité. Ces efforts se poursuivent encore aujourd’hui. En conséquence, l’ICOMOS a récemment accueilli de nouveaux comités nationaux dans des régions du monde sous-représentées, telles que l’Afrique.

Promotion du progrès dans le domaine de l’expertise du patrimoine culturel

La deuxième caractéristique que nous souhaitons souligner est la manière dont l’ICOMOS permet à ses membres d’utiliser leurs connaissances, leur expertise et leurs préoccupations pour approfondir sans cesse la nature du patrimoine et améliorer sa conservation. Depuis la création de l’ICOMOS, cette approche ascendante a contribué à l’expansion constante du réseau, comme en témoigne la diversité des comités nationaux (CN), comités scientifiques internationaux (CSI) et groupes de travail (GT). La création récente du CSI pour le patrimoine spatial peut être citée comme exemple de cette démarche. En outre, les efforts intellectuels visant à découvrir de nouveaux concepts, tels que les écosystèmes patrimoniaux, ouvrent de nouvelles voies aux communautés patrimoniales pour évoluer dans un monde complexe et plein d’incertitudes.

COOPÉRATION INTERGÉNÉRATIONNELLE

Enfin, nous souhaitons saluer la manière dont l’ICOMOS continue à évoluer en s’appuyant sur ses réalisations passées et en les intégrant à la façon dont nous façonnons l’avenir de la conservation. L’expérience de nos centaines de membres seniors et anciens dirigeants ne cesse d’alimenter les besoins de nos jeunes membres dans la construction d’un avenir encore plus radieux. Les jeunes membres disposent d’une plateforme pour rayonner à l’échelle mondiale depuis la création du Groupe de travail des jeunes professionnels (EPWG) en 2017. En tant que fondateurs de l’Académie ICOMOS* et de l’EPWG, nous souhaitons encourager une coopération intergénérationnelle plus solide qui utilise à bon escient les nombreuses ressources dont dispose l’ICOMOS. La combinaison de la mémoire institutionnelle et des idées novatrices rendra l’organisation plus forte et plus prospère.

*Groupe composé des présidents d’honneur de l’ICOMOS, d’anciens membres du Conseil d’administration et de membres du Comité consultatif.

– Gustavo Araoz, 7ème président de l’ICOMOS
– Toshiyuki Kono, 8ème président de l’ICOMOS

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