Une nouvelle plateforme de Google ouvre la voie à l’utilisation du patrimoine afin de communiquer sur le changement climatique

Image Rapa Nui

L'ICOMOS est fier d'annoncer son partenariat avec Google ainsi qu'avec CyArk pour le projet Heritage on the Edge qui vise à alerter sur les dégradations du patrimoine culturel mondial causées par le changement climatique. 

« L’histoire de chaque endroit s’écrit en relation avec le climat. Certaines sont heureuses, d’autres non, mais elles sont un puissant moyen d’alerter sur l’urgence, de renforcer la cohésion et la résilience sociales et de communiquer sur l’importance du changement climatique sur les lieux patrimoniaux. » - Future of Our Pasts (ICOMOS 2019)

L’extraordinaire pouvoir des sites patrimoniaux à émouvoir les âmes, susciter des réactions humaines et galvaniser l’opinion publique ne peut être mis en doute. Mais comment, à l’échelle, traduire cela en connaissances – et en volonté – afin de prendre les mesures nécessaires pour sauver ce patrimoine du changement climatique ? « Heritage on the Edge », la plateforme en ligne lancée par Google Arts & Culture, aide à fournir certaines des réponses, reflétant l’un des efforts les plus ambitieux à ce jour pour se rendre compte de l’importance qu’a le patrimoine dans le récit de l’histoire du changement climatique.

  

L'ICOMOS a travaillé pendant plus d’un an avec Google ainsi qu’avec CyArk, une organisation à but non lucratif fondée afin du numériser, archiver et partager des informations sur le patrimoine culturel. Sur près de 60 pages web, les risques liés au changement climatique et la promesse de solutions pour y faire face prennent vie, racontés sous l’angle de cinq sites du patrimoine mondial : le Parc National de Rapa Nui (Chili), les ruines de Kilwa Kisiwani et de Songo Mnara (Tanzanie), les Vieille Ville et Nouvelle Ville d'Edimbourg (Ecosse, Royaume-Uni), la mosquée historique de Bagerhat (Bengladesh) et la zone archéologique de Chan Chan (Pérou).

Image Edimbourg          Image Kilwa Kisiwani

« Alors que le changement climatique est principalement dû au grands pays industrialisés, ce sont les communautés et le patrimoine les plus vulnérables qui sont souvent les plus impactés. C’est l’une des raisons pour lesquelles ce sont ces sites qui ont été choisis », a déclaré le Dr. Will Megarry de l’Université Queen’s de Belfast, qui a coordonné la participation de l’ICOMOS au projet.

Dans un essai introductif, le coordinateur du groupe de travail sur le changement climatique et le patrimoine (CCHWG) de l’ICOMOS, Andrew Potts partage la philosophie du projet de l’ICOMOS : « La culture et le patrimoine concernent les gens et les choses qui sont importantes pour eux, et donc quand vous faites [de la conversation sur le changement climatique] une conversation sur la culture, vous en faites en réalité une conversation sur les gens. »

Le rapport de l’ICOMOS « The Future of Our Pasts: Engaging Cultural Heritage in Climate Action” décrit les bases de cette idée. Dans la partie intitulée « Heritage Places and Climate Action Communication », le rapport recommande « d’utiliser le patrimoine emblématique pour promouvoir un sentiment d’urgence face au changement climatique, en rapport avec d’autres sites, lieux et communautés ». Alors que nous passons de la théorie à la pratique, « la question devient : quelles approches, quels récits fonctionnent le mieux ? » a déclaré le Dr. Megarry, qui a également été un des auteurs principaux du rapport « Future of Our Pasts ».

« L’histoire du patrimoine ouvre de nombreux angles sur le changement climatique – justice, moyens de subsistance, migration, atténuation, identité, perte, impacts, solutions et bien sûr, urgence. Le projet « Heritage on the Edge » aborde tout cela et bien plus, tout en expérimentant plusieurs médias pour faire valoir ses arguments, de la haute technologie jusqu’à la narration orale traditionnelle. » a dit Megarry.

La technologie au service de la sensibilisation aux enjeux climatiques

Plus de 50 interviews et expositions en ligne, deux « galeries de poche » en réalité augmentée et 25 modèles 3D détaillés ont été produits à travers le projet et tous sont accessibles gratuitement sur la plateforme Google Cloud. Les données ont été récoltées par CyArk grâce à des techniques telles que la photogrammétrie aérienne et terrestre, le balayage laser et la vidéographie.

Les membres du CCHWG de l’ICOMOS ont fourni une expertise en matière de patrimoine et de changement climatique et ont aidé à mener des programmes de formation locaux pour évaluer les vulnérabilités des sites et soutenir les gestionnaires du patrimoine dans la conservation sur place. Les membres du CCHWG participant étaient :

Ishanlosen Odiaua (Nigeria), membre du CCHWG et John Hurd, personne de contact ICOMOS-UK sur le changement climatique ont également contribué, tout comme le Secrétariat international de l’ICOMOS.

Les experts nationaux et les parties prenantes locales étaient essentiels. Le professeur Khandokar Mahfuz Ud Darain, personne de contact de l’ICOMOS au Bangladesh pour les sujets relatifs au changement climatique a amené l’aspect d’urgence du projet. En parlant du site de Bagerhat, il a déclaré : « s’il est détruit […] c’est comme détruire l’identité d’une nation ». En outre, des membres d’ICOMOS Tanzanie, ICOMOS Pérou, ICOMOS UK et ICOMOS Chili ont également facilité le projet.

Image Bagerhat                  Image Chan Chan

Les gestionnaires de sites du patrimoine mondial ont également joué un rôle essentiel en aidant à élever la voix des parties prenantes de la communauté. « Ce ne sont pas seulement des objets du patrimoine, mais ils représentent notre culture et notre histoire, de mes ancêtres à mes enfants », a déclaré Daniela Meza Marchant, cheffe de la conservation de Ma’u Henua, l’autorité indigène qui gère Rapa Nui. Ils ont également aidé à garder le récit réel. « Nous devons prendre des mesures dès que possible pour protéger ces monuments. Mais le financement est un gros problème » rappelle Mercy Mbogelah (responsable du site des ruines de Kilwa Kisiwani et des ruines de Songo Mnara).

Un essai du Professeur Toshiyuki Kono, Président de l’ICOMOS, accompagne le projet Google. Dans ce document, le Professeur Kono écrit : « Avant tout, le projet est un appel à l’action. Les effets du changement climatique sur notre patrimoine culturel reflètent des impacts plus larges sur notre planète et nécessitent une réponse solide et significative. Alors que les actions sur les sites individuels peuvent prévenir les pertes localement, la seule solution durable est le changement systémique et la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre. »

Répondre au changement climatique nécessite des ajustements dans les objectifs de la pratique du patrimoine. Le projet « Heritage on the Edge » est une avancée importante dans cet effort. Il recueille des histoires de pertes, mais aussi d’espoir et de résilience. Il montre à quel point les lieux d’importance spirituelle et culturelle, y compris ces sites emblématiques du patrimoine culturel mondial, peuvent être des laboratoires d’innovation climatique, vecteurs d’action climatique.

« Ce projet Google aide à ouvrir la voie à la communication climatique », a déclaré Will Megarry de l’ICOMOS. « Nous tendons la main à nos collègues qui œuvrent pour le patrimoine et contre le changement climatique. Rejoignez-nous ! »


Voir aussi

Picto GO TO link Rapport " The Future of our Pasts" 

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Crédits photos: 

1/ Parc National de Rapa Nui, Chili © ICOMOS, Google Arts and Culture, CyArk.
2/ Vieille Ville et Nouvelle Ville d'Edimbourg, Ecosse, Royaume-Uni © ICOMOS, Google Arts and Culture, CyArk.
3/ Ruines de Kilwa Kisiwani et de Songo Mnara,Tanzanie © ICOMOS, Google Arts and Culture, CyArk.
4/ Mosquée historique de Bagerhat, Bengladesh © ICOMOS, Google Arts and Culture, CyArk.
5/ Zone archéologique de Chan Chan, Pérou © ICOMOS, Google Arts and Culture, CyArk.