Destruction programmée du patrimoine architectural soufi en Tunisie

Communiqué de presse, le 11 mars 2013

Rappelant les résolutions sur le patrimoine religieux adoptées par les 14ème, 15ème, 16ème et 17ème Assemblées Générales de l'ICOMOS, concernant la sauvegarde et la mise en valeur des sites, des édifices et des paysages sacrés ;

Faisant suite aux déclarations antérieures sur la destruction programmée de sites du patrimoine sacré en Libye et au Mali
Mausole Sidi Bou Sad n

L’ICOMOS condamne les récentes destructions de structures du patrimoine spirituel Soufi en Tunisie et les menaces persistantes qui pèsent sur ce patrimoine dans plusieurs pays de la région. 

Depuis toujours objet de toutes les attentions et regardé avec égard et affection, le patrimoine architectural soufi en Tunisie est aujourd’hui menacé d’une destruction programmée qui vient d’être mise en application peu de temps après la Révolution de 17 décembre 2010 - 14 janvier 2011. Elle s’en prend aux zaouias, mausolées abritant les sépultures de saints patrons, qui constituent d’importants lieux de pèlerinage pour les communautés. Ces lieux qui, à ce titre, devraient être inviolables, se trouvent visées par les adeptes fanatiques d’une interprétation rigoriste de l’Islam qui, de tout temps, a été étrangère au pays et à ses habitants qui ont vécu dans une grande tolérance envers d’autres religions et pratiques spirituelles.

Le patrimoine Soufi occupe une place à part dans le vécu quotidien des communautés tunisiennes et représente une partie intégrante de leur identité et de leur mémoire collective. Toute atteinte à ce patrimoine est une blessure portée à l’identité d’une communauté et une perte de valeurs spirituelles et patrimoniales irremplaçables.Les conséquences ne peuvent être que désastreuses tant pour la cohésion sociale que pour la préservation d’une composante importante du patrimoine culturel immobilier du pays.

 

Les premières atteintes qui datent du printemps de l’année 2011 ont touché des monuments situés dans de petites agglomérations, comme par exemple les mausolées de Sidi Bou Mendel à Hergla, de Sidi Abelkader à Menzel Bouzalfa au Cap-Bon, et celui de Sidi Bou Saïd El Béji à Sidi Bou Saïd près de Carthage. La menace s’est étendue au mausolée de Saïda Manoubia à la Manouba, près de Tunis et même au mausolée de Sidi Sahbi à Kairouan, qui est à présent sous protection militaire.

Le monde a pris connaissance avec inquiétude des destructions et atteintes au patrimoine soufi dans d’autres pays d’Afrique, notamment en Libye et dans les régions du Nord du Mali : Tombouctou, Gao et Kidal. De plus, des attaques sur ce type de patrimoine en Syrie ont été récemment annoncées.

L’ICOMOS appelle donc à une réponse globale et collective qui comprend à la fois :

 Paris, le 11.03.2013

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