20e anniversaire de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
Le 17 octobre 2003, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel était adoptée par la 32e session de la Conférence générale de l'UNESCO.
Vingt ans plus tard, l'ICOMOS souligne l'occasion et interviewe Munish Pandit, Président de l'ICICH (Comité international de l'ICOMOS sur le patrimoine culturel immatériel). Quelle place occupe ce précieux patrimoine dans nos sociétés aujourd'hui ?
Comment est né l'ICICH ?
L'ICICH a été créé par l'ICOMOS à la fin de l'année 2005 et fut établi conformément à l'article 14 des statuts de l'ICOMOS et aux principes d'Eger-Xi'an pour les comités scientifiques internationaux.
Il s'inscrit dans le cadre d'une reconnaissance croissante du patrimoine culturel immatériel par l'ICOMOS. En effet en 1998, ce dernier décide d'organiser une de ses Assemblées Générales Triennales sur le thème des valeurs patrimoniales immatérielles et des lieux. C'est chose fait en 2003: l'Assemblée Générale ayant pour thème; "La mémoire des lieux: préserver le sens et les valeurs immatérielles des monuments et sites" se tient à Victoria Falls au Zimbabwe, où de nombreux membres de l'ICOMOS partagent leur expérience des valeurs immatérielles et des lieux.
Le travail de l'ICOMOS dans ce domaine est arrivé à point nommé avec l'accent mis par l'UNESCO sur ce domaine et le développement de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de 2003.
Comme tous les comités scientifiques internationaux de l'ICOMOS, l'ICICH dépend des efforts bénévoles de professionnels passionnés et compétents.
Quels sont les défis auxquels le patrimoine culturel immatériel est actuellement confronté ?
Le XXIe siècle a également été le théâtre d'une accélération de la mondialisation et d'une perte croissante du contexte culturel et des connaissances et pratiques traditionnelles. Cette tendance est exacerbée par les processus de changement climatique qui l'accompagnent et les risques pour les modes de vie résultant de l'augmentation constante des catastrophes naturelles et d'origine humaine qui, avec d'autres facteurs, provoquent des déplacements et des mouvements de population. Ceux-ci ont généralement un impact sur les modes de vie provoquent une séparation entre les personnes et leurs traditions, ainsi que les lieux qui leur sont associés.
Les processus de développement, qu'ils soient nécessaires à l'amélioration du bien-être des communautés ou qu'ils aient une valeur discutable pour elles, peuvent également constituer une menace pour les espaces/sites patrimoniaux associés au patrimoine culturel immatériel. Le patrimoine culturel immatériel associé à un lieu n'est pas nécessairement évident pour les acteurs favorisant le développement, surtout si ces derniers ne font pas partie d'une communauté associée à ces sites.
Il est donc nécessaire d'accorder plus d'importance à l'obligation d'associer étroitement les communautés à la prise de décision et à la gestion du développement et de la conservation du patrimoine et de l'environnement lorsque le développement a un impact potentiel sur un espace patrimonial.
Dans le contexte d'un risque accru de commercialisation du patrimoine culturel immatériel, il est nécessaire de reconnaître la reconnaissance récente et croissante des droits de propriété intellectuelle des communautés associées aux traditions culturelles et au patrimoine culturel immatériel.
L'affaiblissement du statut de l'artisanat traditionnel et la diminution constante du nombre de praticiens depuis l'avènement de l'ère industrielle est une tendance qui se poursuit et s'accélère. Le patrimoine culturel immatériel porté par les artisans et les praticiens traditionnels de l'architecture vernaculaire est important pour de nombreux aspects de la conservation des sites patrimoniaux. La perte de leurs compétences a non seulement un impact sur la capacité à conserver correctement ces sites, mais elle diminue également leur authenticité en raison des changements inévitables qui en résultent dans les processus d'entretien et de gestion.
Votre opinion sur le thème de l'anniversaire de la Convention, #LivingHeritage (patrimoine vivant)?
La sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel immatériel ne sont possibles que par l'intermédiaire des communautés - et la reconnaissance de leurs pratiques est tout aussi importante. Le patrimoine vivant est un aspect très important de notre patrimoine culturel et il est souvent ignoré ou sous-estimé par les autorités et les décideurs politiques. Le thème choisi pour le 20e anniversaire de la Convention, #LivingHeritage, permettra d'attirer leur attention et d'obtenir une réponse appropriée. Les activités et les programmes de sensibilisation prévus dans le cadre du thème de cette année remonteront certainement le moral des communautés et permettront à la jeune génération de comprendre leur patrimoine culturel immatériel et d'en tirer un sentiment de fierté.
Cette journée permettra d'encourager davantage la sauvegarde et la transmission durable du patrimoine culturel immatériel.
Un atelier sur l'élaboration d'une charte du patrimoine culturel immatériel de l'ICOMOS a été organisé du 28 septembre au 2 octobre 2023 à Al Ula, en Arabie Saoudite, par l'ICICH en collaboration avec l'ICOMOS, l'ICOMOS Arabie Saoudite et la Commission royale d'Al Ula (gouvernement saoudien).
Il est prévu que d'ici décembre 2023, un projet de charte soit soumis à l'ICOMOS pour traitement ultérieur.
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Site de l'ICICH